Réaménagement de la Place du Canada et réfection des infrastructures des rues adjacentes
Sous le vaste espace aujourd'hui occupé par la Place du Canada et le square Dorchester au centre-ville de Montréal réside le principal cimetière catholique de la ville qui fut utilisé de 1799 à 1854. Après sa fermeture et l'exhumation massive de corps dans le nouveau cimetière Notre-Dame-des-Neiges, l'endroit fur transformé en parc dans les années 1870. Entre 2012 et 2021, la Ville de Montréal a entrepris le réaménagement de la Place du Canada et la réfection des infrastructures dans les rues adjacentes.
Les quatorze interventions archéologiques entreprises depuis la première supervision archéologique ont mené à la découverte de 1312 sépultures, ce qui fait de l'ancien cimetière Saint-Antoine l'un des plus largement documentés en Amérique du Nord. L'étude de l'organisation spatiale des inhumations a permis à Ethnoscop de constater à quel point le cimetière fur densément utilisé. Ceci forçait les fossoyeurs à rivaliser d'ingéniosité afin d'organiser les mises en terre de façon à maximiser l'espace. La répartition des sépultures a permis d'apprécier la présence de lots familiaux, de fosses communes et individuelles séparés par des allées de circulation. L'analyse ostéologique d'un échantillon de la collection a également permis de porter un regard exceptionnel sur la santé et les conditions de vies de la population montréalaises des XVII et XIXe siècles. Enfin, les recherches ont révélé que d'intenses bouleversements sont survenus depuis la fermeture du cimetière et qu'à l'exception des défunts, il ne reste pratiquement pas de vestiges bâtis de ce cimetière.
Les fouilles les plus récentes au coin des rues Peel et du boulevard René-Lévesque ont plongé les archéologues dans l'un des aspects les plus singuliers du rite funéraire puisqu'on y a délimité un espace dédié aux sépultures privées du rite ecclésiastique. Il se distingue de la partie consacrée du cimetière dans l'organisation, la forte densité et la faible profondeur des 286 sépultures mises au jour, ainsi que dans la sélection des inhumés - sauf exception, uniquement des bébés morts autour du moment de la naissance et des adultes - et le mobilier funéraire associé aux adultes. De nombreux objets personnels tels des joncs de mariage, des couteaux, pièces de monnaie ou encore dès à coudre accompagnent les défunts dans leur sépulture. Par ailleurs, la présence d'une fosse et de caisses en bois contenant des restes humains disséqués ne manque pas de souligner la vocation marginale du lieu et ouvre la voie à l'étude archéologique des pratiques entournant la formation médicale montréalais au XIXe siècle. La documentation de tels contextes archéologiques est inédite pour le Canada et reste exceptionnelle ailleurs dans le monde.
Localisation
Montréal
Type de projet
Étude de potentiel - Fouilles archéologiques - Inventaire - Supervision
Année(s) de réalisation
2008 - 2021
Client
Ville de Montréal