Projet d’expansion du musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, Pointe-à-Callière
Pointe-à-Callière, en pleine période d’agrandissement depuis 2011, désire étendre ses expositions du site de l’Éperon, entrée principale du musée, jusqu’à celui du Marché Sainte-Anne et du Parlement du Canada-Uni à l’ouest, sur la rue McGill. À mi-chemin, le pavillon du Fort de Ville-Marie reçoit depuis 2017 des visiteurs à l’emplacement exact du lieu de fondation de Montréal. Pour s’y rendre, on emprunte un passage aménagé à l’intérieur même de l’égout collecteur, un ouvrage d’ingénierie civile marquant en Amérique, bâti en 1832 afin de canaliser la Petite rivière Saint-Pierre.
Le projet d’expansion du musée a été entamé en 2011, notamment par la construction du pavillon de la Maison-des-Marins qui a ouvert ses portes en 2013. C’était le début d’une longue collaboration entre Ethnoscop et Pointe-à-Callière. Parallèlement aux travaux de construction de ce nouveau pavillon, une vaste campagne d’intervention archéologique a eu lieu sur le site, s’échelonnant sur plusieurs mois. Au cours de ce mandat, des occupations remontant au Sylvicole supérieur (1 000 à 1 500 apr. J.-C.) et couvrant toute la période historique ont été mises au jour.
Par la suite, lors des travaux d’aménagement de l’égout collecteur, l’équipe d’Ethnoscop a pu procéder à une analyse architecturale complète de cet ouvrage, en plus d’observer d’anciennes berges de la rivière, ainsi que les vestiges du pont Franchère. Construit en 1809-1810, ce pont permettait d’enjamber la Petite rivière à la hauteur de la rue de Callière. Parallèlement, des fouilles archéologiques ont été réalisées pendant plusieurs mois en 2014 et 2015 sur le site du futur pavillon du Fort de Ville-Marie. Ces interventions ont notamment permis la mise au jour de traces tangibles d’occupations amérindiennes et de contacts entre ceux-ci et les premiers colons. On y a en outre découvert des vestiges du fort de Ville-Marie (1642-1688), dont une portion de sa palissade et de son fossé sur l’ensemble du bastion nord-est du fort. Des couches d’occupation du domaine de Callière (1688-1765), dont ses jardins, ont aussi été fouillées. Les périodes d'utilisation subséquentes des lieux, plus commerciales et couvrant les XIXe et XXe siècles, étaient bien représentées dans les assemblages d’artefacts et les vestiges architecturaux trouvés. De plus, les travaux de construction du nouveau bâtiment ont fait l’objet d’un suivi archéologique visant à protéger les vestiges mis au jour et de garder une mémoire de l’ensemble des modifications subit par le site. Toutes ces interventions d’Ethnoscop venaient compléter de façon significative le vaste corpus de données accumulé au cours d’une douzaine de campagnes de fouilles réalisées dans le cadre du chantier-école de l’Université de Montréal.
Érigé en 1832 au-dessus de la Petite rivière Saint-Pierre, le premier marché Sainte-Anne fut converti en parlement en 1844. L’édifice fut incendié lors d’une émeute en 1849 et laissé en ruines jusqu’en 1851, année où l’on reconstruisit le marché Sainte-Anne sur les fondations de l’ancien. Il fut ensuite utilisé jusqu’en 1901, année de sa démolition. Le site archéologique, classé immeuble patrimonial, a été l’objet de nombreuses expertises depuis 1980. Au cours des étés 2011, 2012 et 2013, des fouilles y ont été réalisées par Ethnoscop, toujours dans le cadre du projet d’agrandissement de Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal. Les interventions ont consisté à fouiller manuellement des aires ouvertes localisées dans les différentes parties du marché, sur le sommet du collecteur et à l’extérieur du bâtiment. Un décapage mécanique général du sommet des vestiges a également été effectué, ainsi qu’un relevé des composantes internes du collecteur. Le projet incluait un volet de numérisation en trois dimensions des vestiges mis au jour. Les interventions ont permis d’établir la volumétrie du bâtiment, d’en relever les caractéristiques architecturales et d’en préciser les étapes de construction. De plus, en atteignant des profondeurs avoisinant les cinq mètres, on espérait comprendre les contextes antérieurs à la mise en place du collecteur et du premier marché Sainte-Anne, ainsi que les transformations du lit de la Petite rivière Saint-Pierre jusqu’au comblement de sa vallée. La réalisation de nombreux relevés architecturaux, la collecte de près de 168 000 artefacts et écofacts ainsi que la prise d’échantillons pour les analyses archéobotaniques, archéoentomologiques, palynologiques, dendrochronologiques, sédimentologiques, de mortier et de peinture ont permis d'atteindre les objectifs du plan d’intervention. En 2017, une nouvelle intervention a d’ailleurs été réalisée sur ce site, toujours par Ethnoscop. Ce projet s’est échelonné sur sept mois et a permis de raffiner les connaissances déjà acquises par le passé sur ce site, notamment par les découvertes d’anciens lits de la Petite rivière, ainsi que de couches liées à la construction du marché Sainte-Anne, à sa transformation en parlement, et à l’incendie du parlement du Canada-Uni survenu en 1849.
Cette longue collaboration avec le musée aura permis à Ethnoscop d’acquérir une expérience unique de l’évolution urbaine de ce secteur du Vieux-Montréal.
Localisation
Montréal
Type de projet
Fouilles archéologiques
Année(s) de réalisation
2011-2017
Client
Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal