Projet de réfection de la rue Saint-Paul à Montréal

La rue Saint-Paul est au cœur du Vieux-Montréal. Officialisée en 1672, il s’agit de l’une de ses premières artères. Elle a été tracée sur un replat naturel où se trouvait autrefois un sentier probablement aussi ancien que 4 500 ans!!! Des premières interventions à la fin des années 70 jusqu’au réaménagement complet de la rue entre 2014 et 2019, c’est 8 100 heures effectuées par 36 archéologues sur 9 ans. C’est aussi 33 921 artefacts et écofacts de la période historique et 2 029 artefacts et écofacts témoignant de passages autochtones sur les lieux. Les résultats sont présentés dans deux synthèses divisées en 8 volumes comprenant 11 rapports d’analyses spécialisées. Les découvertes concernent deux nouveaux sites d’occupation autochtones, dont l’un des plus anciens de Montréal, datant d’environ 4 400 ans. D’anciennes surfaces de circulations des rues Saint-Paul et Saint-Vincent en Régime français ont aussi été découvertes. Les vestiges de plusieurs maisons ont été mis au jour sur ces mêmes rues. Ces résidences ont été bâties lors du second quart du XVII^e siècle et du XVIII^e siècle. Deux d’entre-elles, ayant pignon sur la rue Saint-Paul, ont été occupées par des engageurs de l’ouest. La cour arrière de ces maisons donnait contre la palissade et les fortifications de la ville. Ayant servi à rejeter plusieurs déchets domestiques, la fouille des cours a permis de mieux comprendre les modes de vie des engageurs de l’ouest, marchands importants de l’économie montréalaise, en plus de révéler d’impressionnantes collections d’artefacts.

Les interventions archéologiques ont aussi révélé des portions de l’ancienne palissade de la ville, dont cinq pieux en excellent état de conservation. De longues sections des fortifications du côté du front sud de la ville ont aussi été mises au jour, permettant de mieux comprendre leur tracé et leur mode de construction. De plus, sous la rue Saint-Gabriel, des vestiges d’un ancien corps de garde bâti entre 1767 et 1795 puis démoli vers 1805 ont été mis au jour. Des latrines se trouvaient à l’intérieur de ce corps de garde et leur fouille a révélé une incroyable collection d’artefacts datant du dernier quart du XVIII^e siècle. Parmi ceux-ci se trouvaient environ 8 500 perles de broderie.

Sous le parvis sud du marché Bonsecours, les fouilles ont conduit à la mise au jour de nombreux vestiges de l’intendance de la ville de Montréal. Il s’agit d’une somptueuse résidence, bâtie vers 1701 par Charles LeMoyne de Longueuil. Elle a progressivement évolué pour devenir en 1749 la seconde résidence officielle de l’intendant François Bigot. La fouille de ce site a permis de mieux comprendre l’évolution de ce prestigieux bâtiment incendié en 1821.

Les interventions réalisées près de la chapelle Notre-Dame-De-Bon-Secours ont mené à la découverte d’anciennes échoppes bâties au milieu du XIX^e siècle. Celles-ci étaient louées à des commerçants et des artisans, mais, fait étonnant, trois d’entre elles étaient aussi des latrines. Il s’agissait de latrines bien spéciales, dotées d’un ancien système de chasse d’eau, mais qui n’étaient pas reliées à un système d’évacuation. Sous la rue Saint-Paul, les interventions ont aussi permis de mieux comprendre le fonctionnement du premier système de distribution privé en eau potable de la Montreal Water Works. Des vestiges du New American Hôtel (1821-1833) et du Théâtre Royal (1825-1844), propriétés du célèbre brasseur John Molson, ont aussi été mis au jour à l’angle des rues Saint-Paul et Bonsecours.

Somme toute, le projet de réfection de la rue Saint-Paul est l’un des plus importants corpus de données permettant d’ajouter plusieurs pages à différents chapitres de la longue histoire du Vieux-Montréal.