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Ethnoscop

Réaménagement des rues Sherbrooke et Peel

La redécouverte du site Dawson (BjFj-1)
À propos de ce projet

Le site Dawson (BjFj-1) est certainement l’un des plus connus au Québec puisqu’il est le premier site archéologique à avoir été recensé dans la province et qu’on l’a longtemps associé au village iroquoien d’Hochelaga visité par Jacques Cartier en 1535. Malgré sa célébrité, ce site demeure mal compris. C’est en 1859 que le géologue John William Dawson, alors également recteur de l’université McGill, est alerté que des travaux d’excavations avaient mis au jour des restes humains entre les rues Metcalfe et Mansfield, à proximité de la rue Burnside (aujourd’hui le Boulevard de Maisonneuve). À cette époque, la ville se développe rapidement et la terrasse naturelle au sud de la rue Sherbrooke sert de sablière d’où l’on extrait du sable servant de matériau de construction. Dawson effectue alors une collecte plus importante, mais ne s’attarde qu’aux objets les plus spectaculaires et ne mène pas de fouille archéologique à proprement parler. Il résume tout de même ses découvertes dans deux articles publiés rapidement après la découverte du site. Il aura récolté plusieurs centaines d’objets, principalement des fragments de vases décorés, mais aussi de pipes et des objets en pierre et en os. Il rapporte la présence d’une vingtaine de sépultures, de nombreux foyers et décrit aussi les sols rencontrés. Dans son second article, Dawson définit ce qu’il croit être les limites du site et suggère que celui-ci a entièrement été décapé. Néanmoins, quelques années plus tard en 1865, Murphy et McLachlan retournent sur le site et collectent à nouveau environ 360 d’objets. Par la suite, malgré l’importance de la découverte, le secteur se développe et se transforme sans qu’on s’attarde davantage aux vestiges du passé. Le site Dawson continuera de susciter de l’intérêt, mais ce sera plutôt pour son rôle dans un débat de nature purement théorique, à savoir s’il représente oui ou non le village d’Hochelaga visité par l’explorateur malouin à l’automne 1535. William Dawson aura d’ailleurs lui-même initié le débat en se positionnant comme le premier défenseur du camp du « oui », et ce essentiellement sur la base des quelques objets en métal découverts sur le site. Ce sera d’ailleurs cette vision qui prévaudra, au moins jusqu’aux années 1970. Toutefois, aucune véritable intervention archéologique visant à mieux documenter le site Dawson et ses environs n’aura lieu pendant plus d’un siècle malgré des mentions et des témoignages faisant état de trouvailles isolées en divers endroits dans le secteur, notamment le long de la rue Peel. Le site demeurera ainsi mal connu et ce qui reste des données archéologiques disparaîtra peu à peu au fur et à mesure que se développe l’actuel centre-ville. Soulignons tout de même, en 1948, l’initiative d’Alice Lighthall (une citoyenne intéressée dont le père, W. D. Lighthall, avait contribué au débat concernant Hochelaga) qui, après avoir observé que des travaux d’excavation avaient lieu à l’intersection des rues Mansfield et Burnside en lien avec la construction d’une station-service, décida d’avertir Alice Johannsen du Musée Redpath de l’université McGill. Cette dernière relate une visite du chantier où elle a pu relever des informations sur la stratigraphie des parois d’excavation et effectuer une collecte d’objets. En tout, 175 fragments de poterie et 21 fragments d’ossements d’animaux ont alors été récoltés. Dans le cas de cette intervention, on ne peut par contre pas parler d’une véritable surveillance archéologique, Johannsen n’ayant eu accès au chantier qu’une journée alors que les travaux étaient arrêtés pour la fin de semaine. Durant les années 1960, Bruce Trigger raconte dans son ouvrage qu’il a aussi observé différents travaux dans le secteur, mais sans identifier de traces d’une occupation amérindienne. À l’instar de Johannsen, Trigger n’a pas effectué de véritable surveillance, ni fouille archéologique.

Les interventions menées par des firmes de consultants en archéologie ne débutent dans le secteur qu’en 1988 alors que la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal (SANM) effectue trois sondages sur un terrain situé à l’angle des rues Sherbrooke et McGill College. S’ensuivent plusieurs inventaires et études de potentiel qui démontreront la présence des sols naturels en place bien qu’à certains endroits il ait été décapé suite aux activités liées à la présence d’une carrière de sable dans le secteur tel que Dawson les avait décrites. Des tessons de poterie et des fragments d’os retrouvés dans les sondages ouverts par la firme Arkéos ont mené à l’agrandissement des limites du site pour inclure l’emprise de la rue Metcalfe. Ces trouvailles, bien que ténues, étaient les premières documentées lors de fouilles archéologiques contrôlées. Entre 2016 et 2019 cependant, dans le cadre du contrat de réaménagement de la rue Sherbrooke et de la rue Peel, des sols anciens ont été découverts à environ 0,60 m sous la surface. Ethnoscop a alors procédé à la fouille d’une superficie d’environ 40 m2 répartie en plusieurs lambeaux de sol séparés par divers services publics enfouis. Ces sols ont révélé des artefacts du XIXe siècle, mélangés à des objets associés aux Iroquoiens du Saint-Laurent. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, ce secteur de Montréal était occupé par des champs cultivés et des vergers. C’est lors de cette période que les terres ont été labourées et que les artefacts plus récents ont été mélangés aux objets les plus anciens. Selon l’archéologue Roland Tremblay, l’association culturelle des artefacts avec les découvertes réalisées sur le site Dawson en 1860 ne fait aucun doute. La collection récoltée entre 2016 et 2019 ajoute à l'ensemble près de 2000 tessons de vases, 80 de fragments de pipes, un échantillon de faune et quelques outils lithiques et osseux. Les restes d'une sépulture humaine ont également été découverts.

L'avancement des connaissances en archéologie au cours du XXe siècle et une analyse des collections effectuée au cours des années 1960 par Trigger nous permettent de confirmer qu'il s'agit sans aucun doute d'un site de village occupé au XVIe siècle, mais il n'est toujours pas possible de l'associer avec certitude à Hochelaga. Quoi qu'il en soit, le site Dawson reste, à ce jour, le seul site d'occupation villageoise des Iroquoiens du Saint-Laurent retrouvé sur l'île de Montréal. Les surprenantes découvertes de la rue Sherbrooke de 2016-2019 confirment que non seulement il est encore possible de retrouver des lambeaux intacts du site, mais que ce dernier occupait un vaste espace au coeur de ce qui est devenu la métropole moderne de Montréal. Ces dernières interventions par Ethnoscop offrent une occasion unique de poser un regard scientifique moderne sur ce site, à l'aide de nouvelles données et méthodes, permettant de mettre à jour notre connaissance de ce site majeur.

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Localisation

Montréal

Type de projet

Fouilles archéologiques - Inventaire - Supervision

Année(s) de réalisation

2016-2019

Client

Ville de Montréal